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Post-modernité des temps post-humains

Les nouveaux philosophes, à force de dénoncer le mensonge millénaire, de désillusionner, démystifier, déconstruire (Derrida), renverser les valeurs, de vouloir démonter tout, se font traiter de post-modernes. Mentionnons Jean Baudrillard, sociologue philosophe professeur qui «constate, accepte et assume la deuxième révolution, celle du XXe siècle, celle de la postmodernité, qui est l'immense processus de destruction du sens.» Pour lui, les idéologies se réduisent à des systèmes de signes, et les signes ne sont que des simulacres. Il était conscient de la duplicité présente et, pour ce philosophe du doute, la manipulation des foules ne pouvait que s'étendre. Pour les déçus du modernisme, on est entré dans les temps post-modernes post-humains. On en arrive à un monde en décomposition, où l'on déboulonne Lénine, où la pénurie de prêtres fait de l'Église catholique une simple secte parmi d'autres  et où se faire refaire le portrait (ou le sexe) devient à la mode.

Après les temps modernes, caractérisés par le progrès, l'ère industrielle aboutit à Hiroshima  et depuis, l'humanité semble au pied du mur. L'ère atomique, logiquement, serait post-moderne. Il faudrait méditer sur l'extrême barbarie du pouvoir étatique lié au lobby militaro-industriel et en tirer une leçon : on ne peut se fier à ceux qui gouvernent, se retranchent derrière l'anonymat de l'État et qui se croient au-dessus des lois et abusent de leur pouvoir : régime policier, militarisme, génocides sans nom, corruption des élites, justice faussée, inégalités qui s'aggravent. Voilà le monstre étatique des temps post-humains.

Post-humanité ?

La thèse de la « post-humanité » est défendue, pour l'essentiel, par des adversaires de l'humanisme. Elle a été exprimée récemment par deux hommes. L'un est identifié à la droite conservatrice américaine et, à grand renfort de moyens, a été rendu célèbre, en 1989, par son article sur « La fin de l'histoire », initialement paru dans The National Interest ; il s'agit de Francis Fukuyama. Le second, Peter Sloterdijk, vient plutôt de la gauche radicale allemande, et il se trouve à l'origine d'une forte polémique, depuis sa conférence donnée en juillet 1999 lors d'un colloque sur Martin Heidegger et Emmanuel Levinas, qui s'est transformée, dans les colonnes de l'hebdomadaire Die Zeit, en « affaire Sloterdijk ».
Voir l'article de P. Viveret qui, compte tenu de l'éloge des inégalités auquel il se livre en permanence, pressent également que Fukuyama envisagerait sans trop d'états d'âme un monde où des sous-hommes seraient au service de surhommes.
La haute finance, le complexe militaro-industriel et les élites politiques devraient rendre des comptes, ce sont ces criminels en col blanc qui ruinent tout espoir d'un avenir meilleur. C'est aux nouveaux philosophes d'apporter des réponses aux problèmes actuels liés aux progrès de la science et à l'usage qu'en font les hommes. Car le propre du philosophe est d'avoir un jugement de poids.

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