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La perte de la foi
Le déclin
de la religion chrétienne eut, avec Ernest Renan (note)
et Lamennais, un tel retentissement au XIXe siècle,
surtout auprès des générations d'intellectuels français,
gagnant la sphère politique et l’attitude des Français
face au christianisme jusqu’à la guerre de 14-18. L'exploitation
de la crédulité des masses par l'Eglise catholique romaine
est mise à mal par les écrivains mais l'Eglise réagit
en inventant des apparitions mariales. Or, les malheurs de la guerre ont
ravivé la pratique religieuse, en particulier chez les femmes,
et elle s'est maintenue jusque dans les années 50.
Aujourd'hui, la pratique
religieuse a presque disparu dans notre société : on dénombre
à peine 8 % de pratiquants en France en l'an 2000 et on compte
de plus en plus d'athées, même chez des baptisés cultivés.
Les cérémonies en grande pompe fascinent encore, mais les
églises se vident le dimanche. De grands quartiers neufs n'ont
qu'une petite chapelle ou une église à moitié vide.
Les jeunes gens ne prient plus et n'obéissent plus aux injonctions
de l'Eglise ou du pape. La crise des vocations est le grand problème
de l'Eglise catholique, - l'archevêque de Poitiers a dressé
un tableau éloquent de la diminution des vocations à la
conférence épiscopale de Lourdes (8 novembre 2007) -, et
la pénurie de prêtres l'a obligée à redécouper
la carte des paroisses pour assurer le service des messes et comme cela
n'est pas suffisant, elle a recours à des ecclésiastiques
qui se déplacent de diocèses en diocèses. Chez les
Protestants, la baisse est de 50 %. La spiritualité ne disparaît
pas pour autant, elle se situe dans diverses sociétés traditionnelles,
chez les Non-violents et les écologistes, et dans les sectes en
tous genres.
Destiné très
jeune à la prêtrise, il fait ses études jusqu’à
la troisième dans le collège ecclésiastique de
Tréguier. Bénéficiant d’une bourse, il monte
à Paris au mois de septembre 1838 et entre au petit séminaire
de Saint-Nicolas du Chardonnet. Après quelques années
d'études au séminaire, Ernest Renan renonce au sacerdoce...
Sa foi découlait d’habitudes familiales
et d’émotions enfantines et surtout d’un idéalisme
religieux, dont le philosophe ne cherchera jamais à se débarrasser.
Ce furent la découverte de la littérature romantique,
puis la philologie et surtout la philosophie allemande, et, plus encore,
l’influence de sa sœur Henriette qui ébranlèrent
définitivement ce christianisme superficiel. En 1845, il renonce
à sa vocation car il doute de l'authenticité littérale
de l'enseignement du Christ. Il effectue un voyage archéologique
en Palestine et en Syrie, et publie en 1863 sa célèbre
Vie de Jésus, un essai qui cherche à retracer
la vraie vie du Messie des chrétiens, telle qu'il l'imaginait.
 En
publiant La Vie de Jésus en 1863, Renan vulgarisa
dans un des plus beaux style de la littérature française
les travaux de l’exégèse allemande en reprenant les
thèses de David Strauss. Il pose ainsi, devant le grand public,
le problème du Christ Jésus en rejetant toute intervention
divine ou surnaturelle. C’est un des événements du
siècle, dont le succès fut considérable en librairie
et qui fut traduite dans toutes les langues du monde. Ainsi, Renan a été
parfois surnommé "l’enchanteur", comme le fut Chateaubriand
cinquante ans plus tôt. Et cela, en grande partie grâce à
la magie de son style. Mais il faut bien avouer que sa Vie de Jésus
est davantage un ouvrage de polémique agrémenté d’une
poésie certaine et qui tend au romanesque plutôt qu’au
scientifique. Cependant, il aura eu pour résultat d’intéresser
une large partie du public à des problèmes qui, depuis Voltaire,
avaient été mis en sommeil sous l’influence de diverses
Églises. La philologie résoud le problème des miracles
dans les évangiles en les niant. Pour lui, l'évangile selon
Jean est le moins crédible des quatre. C'est en traitant l'histoire
des apôtres que l'on peut rechercher l'origine des légendes
relatives à la résurrection.
Cette perte de la
foi est remarquablement contée dans ses
Souvenirs d’enfance et de jeunesse. Il fait de Jésus
le portrait «d'un homme incomparable», certes, mais d'un
homme, un personnage éminemment mortel et non divin, et établit
une hiérarchie de valeur qu'on appellerait aujourd'hui une sorte
d'«humanisme séculier». Succès d'édition
planétaire permanent depuis un siècle, l'ouvrage de Renan
tente de démythifier le christianisme. Renan n'était pas
un obscur érudit ou un mystificateur en quête de sensationnel.
C'était au contraire l'une des personnalités intellectuelles
les plus estimées et les plus prestigieuses de son temps. La
Vie de Jésus modifia d'emblée l'attitude
envers les sciences bibliques. Renan demeura pendant les trente dernières
années de sa vie une épine plantée dans le pied
de l'Église, en raison de la publication de ses ouvrages sur
les apôtres, sur Paul et sur l'origine du christianisme avec son
Histoire des Origines du Christianisme (1863-1883) qui
montre comment les discliples et surtout Saint Paul ont interprêté
l'évènement. Restant fidèle à sa méthode
consistant à rejeter, en matière religieuse, toute intervention
divine et tout mystère pour n’accepter que les faits "scientifiquement"
explicables et prouvés, il ne renonça pas cependant à
aimer et faire aimer la beauté.
Si, à Athènes
qu’il visite en 1865, il exalte le "miracle grec" et la
culture de l'Empire romain dans un des plus beaux textes de la littérature
française, il garde cependant une sensibilité chrétienne.
Bien que rejetant les dogmes du catholicisme, il n’en continue pas
moins d’admirer l’histoire judéo-chrétienne
et le montre bien dans l’Histoire des Origines ou l’Histoire
du peuple d’Israël (1887-1893) et, pour Nietzsche,
Renan est le type d'homme qui n'a pas renié les valeurs du christianisme
malgré son scepticisme...
Nota, Ernest RENAN semble ignorer la civilisation égyptienne de
l'antiquité.
Site non académique totalement inédit : Mystérieuse
Egypte, considérant le miracle égyptien issu d'une civilisation
antérieure.
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