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La fête de l'âne et la fête des fous
« Et toi même, vieux pape, comment cela s'accorde-t-il
avec toi-même, d'adorer ainsi un âne ?
- O Zarathoustra, répondit le pape, pardonne-moi, mais pour ce
qui est des choses divines, je suis plus au fait encore que toi. Et
c'est très bien ainsi. D'ailleurs mieux vaut adorer Dieu sous
cette apparence-là que sous aucune autre !
Pense à cette maxime-là, mon noble ami : tu devineras
vite, il y a de la sagesse dans une telle maxime.
Celui qui a dit "Dieu est Esprit", celui-là fit jusqu'à
aujourd'hui, sur terre, le pas et le saut le plus grand vers l'incrédulité.
Ce n'est pas facile de réparer une telle parole sur la terre
! » (Ainsi parlait Zarathoustra)
Ce passage semble bien étrange mais venant de la part de Nietzsche,
il doit y avoir un malin tour à désigner ce dieu
qui est mort sur la croix et qui est adoré pour tel. D'ailleurs,
Jésus avait désigné un ânon comme signe de
reconnaissance à ses disciples. On remarque sur le pelage
de l'âne une marque en forme de croix.
Une occasion de ridiculiser le clergé.
 Faire
l'âne pour avoir du son : on sait ce que cela veut dire. Etre doux
et obéissant pour avoir sa récompence en nourriture. Porter
le bonnet d'âme, ce n'est pas un signe d'honneur. Mais avez-vous
une idée de ce qu'était la fête de l'âne ? On
peut voir l'âne chantant la messe sur des livres illustrés,
et à sa suite, l'assemblée des fidèles ânonaient
les litanies des saints en faisant : hi-han, hi-han, hi-han.
Au Moyen-Âge, il était
de bon ton de jouer des farces. La religion chrétienne était
parfois tournée en dérision au cours d'étranges fêtes
où les gens se déguisaient avec un bonnet d'âne et
singeait le prélat, l'évêque ou même le pape.
On jouait à imiter les cérémonies, les processions,
les rites, d'une manière satyrique. La fête de l'âne
avait lieu la veille de Noël : une femme entrait à dos d'âne
dans l'Eglise, au cours de la messe. Les fidèles terminaient alors
toutes leurs prières par ''hi-han''. «La fête des fous
» était destinée à ridiculiser le clergé
; les rôles sociaux étaient inversés : les serviteurs
se faisaient servir par les maîtres... Le haut clergé en
prenaient plein le chapeau !
Ces scènes satiriques qui se formaient spontanément avaient
quelque chose de dionysiaque ou carnavalesque. La fête de l'âne
et la «fête des fous» sont d'origine très ancienne,
comme l'atteste un manuscrit de la Bibliothèque de Sens.
C'est à la fin de la
4ième partie de son Zarathoustra, Le réveil,
que Nietzsche reprend l'idée de cette bonne vieille farce du Moyen-Âge.
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