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Dionysos enfant

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Dionysos

Bacchus par Michel AngeDionysos-Bacchus est un très ancien dieu païen riche d'attributions : dieu du vin et de la vigne, des fêtes et du théâtre ; il parcourt la nature sauvage avec ses compagnons : le vieux Silène, les satyres, et les ménades (femmes en folie ou en transe chantant et dansant). C'est lui qui est sorti de la cuisse de Jupiter (Zeus) après avoir été né prématuré de Zeus et de Sémélé, et il est associé à l'invention du théâtre (En Grèce, on l'appelle justement le théâtre de Dionysos). Demi-dieu, il tient une place à part dans le panthéon grec. Plus tard, Dionysos est un dieu qui souffre, meurt et ressuscite glorieux dans le cadre des mystères orphiques qui préfigurent indéniablement les rites chrétiens.
Nietzsche affirme être un disciple de Dionysos, «ce grand et mystérieux dieu tentateur, ce génie du cœur». Il loue ce dieu de l'ivresse qui débloque l'esprit des tabous, qui décomplexe. (Par delà le bien et le mal, § 295)
«Dans l'Antiquité, la religion était une fête : elle exhortait les hommes au plaisir. Personne ne professait alors que cette vie est une vallée de larmes, ni qu'il y a du mérite à se faire souffrir», rappelle Stendhal (Chroniques Italiennes).
Mais le christianisme a voulu mettre fin à ce dévergondage, qui, n'en doutons pas, n'était qu'une saine compensation. Dans nos danses modernes et musiques rythmées, sans parler de la «rave» qui rassemble les jeunes d'aujourd'hui pour une nuit de folie, n'avons nous pas là un retour du dionysiaque dans notre société ?

Le mythe de Dionysos est extrêmement troublant, pour toutes sortes de raisons. Il semble que certains aspects de ce mythe n'ont pas tous, tant s'en faut, été mis en valeur. Voici ceux que je tiens pour tels :

1. La naissance divine de Dionysos est largement attestée. On a pu, à ce sujet, le rapprocher du Christ. Mais il tient une place quelque peu étrange dans le panthéon grec, à l'instar d'autres semi-divinités comme le Grand Pan, Perséphone, Eros, Hermaphrodite etc, bref, les dieux ou demi-dieux de deuxième génération (qui sont conviés sur l'Olympe mais n'y résident pas).
Un élément intéressant est que Dionysos est le premier dieu grec dont nous ayons une représentation sous forme de statuette (crétoise) alors que, suivant la mythologie, il est l'un des derniers dieux à apparaître. Ne serait-il pas concevable que "Dionysos" ait, en réalité, été un homme "excellent", voire "divin" (pour reprendre la terminologie aristotélicienne) et qu'il ait été divinisé (comme, par la suite, Alexandre tentera de l'être) puis - mais seulement puis - que le reste de la mythologie grecque soit venue, par des emprunts à d'autres panthéons (notamment égyptiens, perses, babyloniens etc) justifier la nature divine d'un homme de chair et de sang ? En quelque sorte, la mythologie grecque se serait développée à rebours de la manière dont elle nous est présentée. Dionysos ivre

2. Dionysos a régné avec son frère, Penthée, qui était un monarque "appollinien" mais qui a finalement exclu Dionysos de l'exercice du pouvoir. Puis Dionysos est revenu sous une forme mauvaise, méchante, barbare et tyrannique. Si, maintenant, on considère que Eros est très proche de Dionysos (voir notamment Platon, Le Banquet, où Socrate finit par devenir une-Incarnation d'Eros chantée par Alcibiade qui, ivre, ressemble singulièrement à Dionysos), on peut trouver un enseignement intéressant à ce mythe : boutez le désir, la joie et l'ivresse par la force (ou par commandement de la loi) hors la cité, et il revient, mais sous une forme pervertie.

3. Dionysos est entouré des ménades, ces femmes hystériques et libres qui prétendent se moquer des hommes (selon plusieurs sources, ce sont les ménades qui mettent Orphée à mort). Il y a là un parallèle intéressant avec les sorcières du Moyen-âge. Mais surtout, Dionysos ne se mêle pas aux ménades. Elles le suivent... D'ailleurs, Dionysos lui-même finit par se marier avec Ariane, abandonnée par Thésée sur Naxos (Gide interprète cela, dans Thésée, dans un sens amusant: pour lui, cela signifie qu'Ariane est devenue ivrognesse). Ariane est à rapprocher de l'Aria de l'Inde. Pour les Perses, les aryens étaient des nobles, et j'imagine que les iraniens en sont les descendants...

Origine du carnaval

Les fêtes consacrées à Dionysos étaient nombreuses. Aux Lénaia, on voyait les ménades emportées par l'enthousiasme se livrer à des danses effrénées. Des représentations dramatiques et des concours lyriques accompagnaient ces festivités. En février, les Anthestéries duraient trois jours. Une procession accompagnait le dieu, installé sur un char en forme de navire et entouré d'un cortège dont les participants portaient des masques.

Dionysos et ménadesOrigine du théâtre

Au printemps, les Grandes Dionysies constituaient le moment privilégié des concours dramatiques ; elles étaient suivies des Dionysies agraires, célébrées pour la génération, où un énorme phallus, symbole de fécondité, était promené sur un char. Les jeunes gens formaient alors un joyeux cortège et échangeaient en cette occasion propos gaillards et quolibets. À l'occasion de ces fêtes, les esclaves retrouvaient les mêmes libertés que leur maîtres et participaient à la fête en dansant au rythme de la musique.

“Dans la vieille religion antique de Déméter l'enfanteuse et de Dionysos l'engendreur, on adorait le corps et on fêtait les moments de sa genèse - la génération et la naissance. Il y avait une mystique vénérant les mystères de la vie, des doctrines, des symboles et des jeux, mais aussi l'orgasme, car la dépense corporelle est aussi profondément apparentée à l'ascèse que la prostitution sacrée au célibat - tous deux sont négateurs du temps. C'est la formule - arrière devant le trop, qui est ici renversée. La distance n'est pas considérée, mais supprimée.” (Sprengler).

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