
Photographie
signée Léonardo

Autoportrait de
Léonard de Vinci
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Le linceul de Turin, une photographie de Léonard
de Vinci
La légende dit
que l'invention du saint suaire appartient à un gentillomme champenois,
Geodefroy de Charny, lequel rapporta d'Orient ce linceul sacré
qui, d'après lui, aurait servi à envelopper le corps du
Christ dans le tombeau. Historiquement, il apparait donc en 1357 dans
la collégiale de Liray fondée par Geodefroy 1er
de Charny, où il attire déjà les foules, mais l'évêque
de Troyes fait procéder à une enquête qui révèle
que c'est l'œuvre d'un peintre. D'abord interdite, l'ostension en
est à nouveau autorisée par le légat du pape, décision
cassée par le pape Clément VII qui demande qu'il soit bien
présenté comme une peinture faite sur le suaire. Il est
ensuite tranféré à Liège où l'évêque
condamne ceux qui veulent le faire passer pour authentique, puis à
Chambéry en 1453 où les Princes de Savoie le considéraient
comme un palladium (une garantie) qui constituait une part capitale du
trésor de leur couronne. En 1516, François 1er,
protecteur de Léonard de Vinci, vint en pèlerinage à
Chambéry dans la chapelle du château des Ducs de Savoie où
se trouvait la relique avant d'être transférée à
Turin en 1578. Le suaire est partiellement détruit par un incendie
en 1532 alors qu'il fait l'objet d'une immense vénération.
En 1578, le suaire arrive à Turin où il est soigneusement
conservé depuis par le clergé pour être exposé
de temps en temps aux pèlerins. Le clergé entretient la
vénération de la fausse relique alors qu'officiellement
l'Église s'abstient toujours de confirmer son authenticité.
Sur le linceul, les fibres brunies superficiellement donnent une pâle
image en négatif d'un personnage (ci-dessous à gauche, l'image
s'est dégradée au fil du temps).
La datation
au carbone des échantillons prélevés en divers endroits du suaire permet
d'affirmer qu'il date du Moyen-Âge, mais cette preuve
scientifique contrarie les plus fanatiques croyants partisans de l'authenticité
du “saint suaire” de N. S. Jésus-Christ, né d'une vierge par
l'opération du saint esprit. Savent-ils qu'il y a eu jadis plusieurs suaires
en maints lieux depuis le Moyen-âge jusqu'à la Révolution
? Calvin a ironisé sur ce sujet : "Quand un suaire avait brûlé,
il s'en est toujours trouvé un nouveau le lendemain". Les
contestations de la datation au Carbonne 14 faite en
1989 sont des plus fantaisistes. Au reste, l'Église n'a jamais
contesté les conclusions des laboratoires et ne veut pas donner
d'autres fragments. Elle s'emploie maintenant à le restaurer à
grands frais parce que l'image s'est altérée en quelques
décennies. Encore une preuve que ce suaire n'a pas 2000 ans, mais
à Turin le pèlerinage au saint suaire continue, car l'Église
tente toujours d'attirer plus de fidèles crédules.
Or,
si la date de fabrication de ce linceul remonte à 1260-1390, on
ne peut dater l'empreinte. Il ne peut s'agir d'une peinture de faussaire,
encore moins de l'empreinte d'un corps enveloppé dans un linge
au début de l'ère chrétienne, car, en réalité,
c'est un négatif, isotrope et en relief. En 1889, une première
photographie révéla l'image en positif du personnage (à
droite), preuve irréfutable, car le relief de l'image est saisissant
de réalisme. Une expertise récente avec accélérateur
spectroscopique a démontré que le linceul date de la fin
du XIIIe siècle ou du début du XIVe
et une thèse récente affirme qu'il s'agit là de la
première photographie réalisée par
le procédé de la chambre noire (déjà connu
au Moyen-âge par les artistes peintres et par les astrologues pour
regarder les éclipses), et justement, Léonard de Vinci lui
a consacré une étude (2). Le corps
aurait été exposé au soleil pour être reproduit
sur du tissu imprégné de nitrate d'argent. Le plus drôle,
c'est que le visage est celui de Léonard de Vinci lui-même
(voir son autoportrait), lequel était bien capable d'une telle
farce en vendant son travail au pape Alexandre IV (père de Lucrèce
et de Cæsar Borgia, ce pape fut qualifié d'antéchrist
par Savonarole).
Notes
La datation au carbonne, bien qu'imprécise,
n'a jamais été contestée ailleurs. Mais une
expertise de datation avec la technique AMS confiée au laboratoire
du Professeur Wölffli qui regroupe des physiciens de l'école
polytechnique fédérale de Zurich et de l'Institut Paul-Scherrer
de Willigen a eu un retentissement dans le monde pour faire taire les
contestations hautement fantaisistes des fanatiques du "vrai linceul"
(on le pensait dès 1974). Retour
DÉCOUVERTE DE LA PHOTOGRAPHIE:
«Tout le monde connaît le principe de la formation de l'image
dans la chambre noire. On sait que si l'on pratique un petit trou dans
la paroi d'une boîte, on peut recevoir, sur la paroi opposée,
une image plus ou moins nette, toujours inversée, d'un sujet
situé au-dehors et suffisamment éclairé. Ce phénomène
qui nous est si familier n'était pas très connu avant
le siècle dernier. Les historiens nous apprennent pourtant qu'au
Moyen-Âge le procédé était déjà
utilisé pour regarder les éclipses, que Léonard
de Vinci lui a consacré une étude, et que Porta s'en est
beaucoup occupé ; la chambre noire était donc pratiquée
bien avant le XVIIIe siècle par quelques astronomes,
par des peintres qui voulaient mettre en place une perspective difficile
ou par les charlatans du Pont-Neuf qui s'en servaient pour mystifier
les badauds.» (extrait de LA PHOTOGRAPHIE, Que sais-je
? PUF).
Porta vivait à la même époque que Léonard
de Vinci. A propos, n'a-t-on pas envisagé jadis que ce linceul
était l'œuvre d'un peintre, un faussaire ? Retour
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