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En quoi Nietzsche a réformé la philosophie
1. Le génie de l'écrivain
En philosophie, ce qui fait obstacle
à la compréhension c'est la lenteur de la pensée
discursive ; il faut de longs discours avec de longs développements
pour s'expliquer. A commencer par les indispensables définitions.
Le lecteur est donc conduit par un raisonnement, qui n'est pas le sien,
depuis des notions plutôt abstraites vers des conclusions opposées
à des conclusions hâtives. Il faut qu'il soit très
attentif tout le long du discours s'il veut bien suivre le fil de la pensée,
ce qui nécessite une bonne mémoire, car il faut parfois
s'interrompre si on ne peut le lire en une seul traite. Les amateurs ne
vont pas pouvoir suivre. Bref, plus cette démonstration sera longue,
moins il y aura de disciple.
Comment faire pour capter l'attention et éviter les longues dissertations
?
Il semble que Nietzsche aie
trouvé : avec la concision de l'aphorisme, la pensée fragmentaire,
telle qu'elle a jailli de son intellect, atteint son but - bien écrite,
avec un style vivant. Nietzsche est un bon rhéteur.
2. Un certain goût de la morale.
On devient philosophe par goût.
Qu'est-ce que cela implique ? Le goût de la morale implique le goût
du jugement. Le bien qui est supérieur à l'être est
invoqué. Donc, en jugeant, vous vous référez à
une instance supérieure à l'être... au delà
du réel. Cela s'accompagne d'une manière d'être :
être authentique, juste...
Un moraliste définit l'humain par ce qu'il est en droit de faire
ou de ne pas faire.... Qu'est-ce que tu dois faire ?
Un éthicien définit l'homme par ce qu'il peut faire, ce
dont il est capable... Qu'est-ce que tu peux faire ?
L'Ethique est le premier traité philosophique de Spinoza.
Selon lui, il y a une distinction à faire entre les qualités
quantitatives (plus ou moins), et les qualités qualitatives (supérieures
ou inférieures). Deux modes d'existence sont en jeu, l'animale
et l'humaine. Autrement dit la conduite bestiale, gouvernée par
les instincts et la conduite humaine, plus morale, modérée
par la pensée.
Nietzsche pose la question éthique : que puis-je ? De quoi suis-je
capable ?
Il distingue deux types d'hommes
: les forts et les faibles. Les maitres et les esclaves, les puissants
et les autres, impuissants par manque de volonté. Il découvre
ainsi la volonté de puissance, une volonté très forte,
de domination et les rapports dominant/dominé. Le critère
de Nietzsche : se demander à chaque fois si ce qu'il fait il pourrait
le faire une infinité de fois... L'éternet retour, c'est
pour évaluer, pour mesurer ce qui est bon ou mauvais. De l'éthique
il passe à la morale : "Il faut à nouveau peser le
poids de toute chose." (Le Gai Savoir). Il ne veut pas faire
l'idiot comme Nicolas de Cuza (le philosophe qui n'a que la raison naturelle
pour juger est l'homme des présupposés implicites, des notions
toutes faites).
3. L'art de juger
Il faudrait savoir sur quoi on
se fonde pour juger. Sur quels critères sont définis les
valeurs supérieures ? Sur quel fondement on mesure chaque chose.
Y a-t-il un système de valeurs qui soit universel ?
- Apparament oui, on arrive
à s'entendre sur un système de valeurs ; ce n'est pas le
même dans tous les pays, ni dans toutes les civilisations, mais
il fait force de loi. Il est à la base des religions, il se retrouve
dans les lois humaines bien établies. Il y a quand même des
choses qui sont discutables. Le débat se poursuit donc... Qui a
raison ? Qui a tord ? Comment se forme le jugement ? Quel sont les fondements
de la morale ?
Seul philosophe à
avoir fait de la morale une question d'importance, Nietzsche déclare
« qu'il faut déterminer à nouveau le poids de toute
chose.»
Ces premières pages
sont empreintées à une conférence de Gilles DELEUZE,
l'étonnant c'est le corps.
Note : Spinoza
a écrit l'Ethique et non l'Ontologie car tout
part du jugement éthique...
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