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La Société, l'État et l'individu

« Plus une foule est grande et plus dévalorisé se trouve l'individu. Mais dès que l'individu s'identitie au sentiment écrasant de sa petitesse et de sa futilité, et qu'il en perd le sens de sa vie - qui ne s'épuise pas dans la notion de la prospérité publique ou d'un niveau de vie amélioré - il est déjà sur le chemin de l'esclavage d'Etat et il en est de même devenu sans Ïe savoir et sans le vouloir le promoteur. Quiconque ne regarde que vers l'extérieür et les grands nombres se dépouille de tout ce qui pourrait l'aider à se défendre contre le témoignage de ses sens et contre sa raison. Or c'est malheureusement ce que le-monde entier est en train de faire.
On est-tellement fasciné par les vérités statistiques et les grands nombres que l'on en est frappé de stupeur et l'on est, tous les jours que Dieu fait, renforce dans le sentiment évident de l'impuissance et du néant de la personnalité indiviguelle qui n'est rien puisqu'elle ne représente ni n'incarne aucune organisation collective.
A l'inverse, l'individu qui monte sur la scène du monde, qui devient visible de loin et dont la voix se fait entendre dans un vaste rayon parait aux yeux d'un public sans esprit critique, ostensiblement porté par un certain mouvement de masse ou par une opinion publique, et c'est essentiellement pour cette raison qu'il sera accepté ou combattu. L'expérience a montré que, dans ces cas, la suggestion collective domine et, dès lors, on ne peut plus savoir si le message de l'homme politique est le fruit de son action personnelle, dont il est le seul responsable ou s'il n'est que le haut-parleur d'une opinion collective.
Dans ces circonstances, il n'est que trop compréhensible que l'insécurité du jugement individuel fasse petit à petit tache d'huile et que par suite on s'efforce le plus possible de collectiviser la responsabilité dont l'individu se défait. De ce fait, l'individu est de plus en plus ravalé à n'être qu'une fonction de la société et celle-ci en revanche assume la fonction d'être le véritable vecteur de vie, alors qu'au fond elle n'est qu'une idée comme telle, l'Etat. L'Etat en particulier se transforme de ce fait quasiment en une personnalité vivante dont on attent tout. En réalité, l'Etat n'est qu'un camouflage qu'utilisent les individus qui le manipulent. De ce fait, la convention originelle de l'Etat légal glisse de plus en plus vers la situation d'une forme de société primitive, en l'occurrence celle du communisme d'une tribu primitive, soumise à l'autocratie d'un chef ou d'une oligarchie.»

Ceci est extrait du livre Présent et Avenir, de C. G. Jung, lequel avait lu Nietzsche, et développe à sa façon les notions de "volonté de puissance" et de "surhumain". Dans la société actuelle, l'individu se sent impuissant face à l'Etat... régi par le pouvoir établi dans les urnes. Ce sont donc nos institutions qui sont à revoir !

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