LES APOLOGISTES DU TRAVAIL«
Dans la glorification du “travail”, dans les infatigables
discours de la “bénédiction du travail”, je
vois la même arrière-pensée que dans les louanges
des actes impersonnels et d'un intérêt général
: la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très
bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de cette
dure activité du matin au soir -, que c'est là la meilleure
police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend à entraver
vigoureusement le développement de la raison, des convoitises,
des envies d'indépendance. Car le travail use la force nerveuse
dans des proportions extraordinaires, il retire cette force à la
réflexion, à la méditation, aux rêves, aux
soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant
les yeux un but limité et accorde des satisfactions faciles et
régulières. Ainsi une société où l'on
travaille sans cesse durement jouira d'une plus grande sécurité
: et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité
suprême. Dans la société capitaliste libérale avancée, il s'agit de contraindre l'individu à se soumettre à un travail harassant et aliénant, comme aux temps de l'esclavage par la colonisation. L'aliénation de l'individu par le travail insipide, accablant, presque inhumain... en maintenant un taux de chômage pour faire accepter ces conditions de travail... La concurrence dans le travail permet de faire baisser les salaires et de rabaisser l'individu au niveau du bétail. D'ailleurs, c'est le marché du travail, ainsi on le ramène à un marché à bestiaux. "Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour lui-même est un esclave." (Nietzsche) Note : |