|
La religion comme expression de la décadence ?
Nietzsche a écrit : «
La religion est un produit du doute au sujet de l'unité de l'individu
».
Elle dissocie la personnalité
en projetant tout ce qui est bon, grand, vrai, dans un être supérieur,
supra-humain, et en même temps, elle rabaisse l'homme à ce
qui est vil et insignifiant. Dieu seul est saint et nous sommes tous des
pécheurs. Nietzsche, ayant connu le malheur dès son plus
jeune âge, la mort de son père, accuse la Providence divine
d'être le Mal. Et puis, souffrant de cette maladie qu'il pense héréditaire,
à la suite de Schopenhauer, il voit cette Volonté comme
une puissance aveugle et injuste. La vie est cruelle. D'ailleurs, ne voit-on
pas que tout va mal ? Et de plus en plus mal ?
Nietzsche n'était pas très
tendre avec les mous et les faibles. «Devenez durs, bande de dégénérés
!», clamait-il.
Certes, dans la société moderne,
confortable, sécurisée, on a tendance à se laisser
aller. Ramolissement qui pourrait nous être fatal ! Voyez-vous,
quand le loup a faim, il ne fait pas de bruit et il s'empare du tendre
petit agneau que nous sommes devenus. « L'homme est un loup pour
l'homme, mais cela vient que beaucoup sont des agneaux.» Nous voyons
que cette vérité n'a pas disparu avec le capitalisme sauvage,
le colonialisme, et aujourdhui avec le retour d'un ultra-libéralisme
mondialisé. Rentabilité oblige, il faut maintenant se plier
aux ordres et trimer pour essayer de s'en sortir face à la concurrence.
C'est la guerre économique, et la concurrence est rude. On ne fait
plus dans la dentèle !
Certains pensent
encore qu'un Dieu leur viendra en aide, qu'il faut prier le ciel pour
être préservé du malheur ! D'autres qu'ils n'ont pas
à se soucier du lendemain parce que, de toutes façons, c'est
l'apocalypse qui est annoncée et qu'on ne peut rien y faire : "Après
nous, le déluge !" Ils agissent ainsi parce qu'ils ne croient
plus en rien. Quels êtres décadents !
Nietzsche vivait
au temps où la science ébranle les fondations de l'Eglise
et détrône la foi : la théorie
évolutionniste de Charles Darwin remet en
question la version créationiste de la Bible et Ernest
Renan réécrit l'histoire du début du christianisme.
Depuis que l'utilitarisme de Bentham, soubassement du libéralisme,
a influencé le monde des affaires, la main d'œuvre est mal
payée et on a construit des prisons et des bagnes pour ceux qui
se révoltent. Révolution industrielle : travail à
la chaîne dans les usines, horaires draconiens et rythmes de travail
accélérés pour une meilleure rentabilité.
La «division du travail» est voulue pour éviter qu'il
y ait un mécontentement de masse qui génère une nouvelle
révolution à la française, une grève générale,
et la chienlie. L'interdiction de l'usure est tombée depuis longtemps
et les grands financiers demandent la libéralisation du système
financier. Les super calculateurs font leur apparition et l'ordinateur
de Badagge va être l'outil des maîtres qui gèrent de
grosses sommes, font des statistiques et commencent la planification sociale,
ou vont spéculer. Les progrès de la génétique
sont considérables après Mendel. Avec Galton, la génétique
va l'appliquer pour classifier les espèces et les races, sélectionner
les individus, et si possible "améliorer la race". En
fait, c'est déjà le début des dérives de l'eugénisme
qui se font jour et qui vont avoir la faveur des nazis.
Pour rallier au socialisme il y a eu Marx,
mais d'autres n'ont pas eu la fortune d'être largement lus et connus.
Nietzsche n'eut pas la chance d'un Freud, qui d'ailleurs a repris bons
nombre de ses idées. Et même, depuis la guerre et l'extermination
des juifs, il est rangé aux oubliettes. Trop dangereux, juge-t-on.
Mais qui a lu ses livres ? Qui a compris son message ? Qui s'est donné
la peine de lire toute son uvre ? L'infime minorité, l'élite
intellectuelle. Encore faut-il savoir bien lire... le travailleur docile
n'a pas beaucoup le temps de lire et de réfléchir.
« S'il l'on considère qu'aujourd'hui encore tous les grands
événements publics se glissent secrètement et comme
voilés sur la scène du monde, qu'ils sont cachés
par des faits insignifiants, à côté desquels ils apparaissent
petits, que leurs effets profonds, leur contrecoups ne se manifestent
que longtemps après qu'ils se sont produits, quelle importance
peut-on alors accorder à la presse quotidienne telle qu'elle
existe aujourd'hui, avec sa dépense de poumons pour hurler, assourdir,
exciter et effrayer ? La presse quotidienne est-elle autre chose qu'un
produit aveugle et permanent qui détourne les oreilles et les
sens vers une fausse direction ? » (Nietzsche, Opinions et
Sentences mêlées, § 321)
 Le
fait n'est pas nouveau, mais c'est encore pire actuellement avec le Journal
télévisé ! « Toute
forme de civilisation commence par le fait qu'une quantité de choses
est voilée ; le progrès humain dépend de ce voile.
» (Nietzsche, le Livre du Philosophe).
Maintenant, la réalité
est là ! Nous sommes à l'aube d'une nouvelle civilisation.
Des catastrophes sont annoncées. Comment l'ignorer ? Est-ce que
les gens sont aveugles ? Ont-ils des yeux pour voir, des oreilles pour
entendre ? Plongent-ils leur tête dans le sable ? Mettent-ils de
la cire et du coton dans leurs oreilles ? Faut-il leur crier dans les
oreilles ? Faut-il les menacer avec un gros bâton ? Faut-il peindre
le ciel tout en noir ? Depuis que les humains grouillent sur la Terre,
ont-ils évolué d'une hauteur ? Ont-ils seulement essayé
? Ne faut-il pas les aider pour faire les premiers pas ? Ne faut-il pas
des guides zélés ? Et qui seront ces guides et ces chefs
? Comment seront-ils formés ? Ceux qui exercent des responsabilités
dans ce bas-monde n'apparaissent pas très rassurants pour les faibles,
les défavorisés, les "malvenus"! On nous dit :«Tout
n'est déjà plus comme avant». Qu'appellent-ils mondialisation,
quand, pour la majorité des gens, cela tourne mal ? Et où
nous mènent-ils ?
Vous trouverez dans Le Monde Diplomatique
des informations sur « les grands événements publics qui se glissent
secrètement et comme voilés sur la scène du monde ». Mais la presse
libre est extrêmement rare.
Charles Darwin est, avec Lamark, à l'origine
de l'évolutionisme, qui s'appuie sur la sélection naturelle
ou l'adaptation aux nouvelles conditions de vie (Sur l'origine et l'évolution
des espèces).
 |