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Dures vérités

Un retour vers le passé est nécessaire pour comprendre Nietzsche. Bien qu'étant un peuple guerrier, les Grecs ont inventé ce qu'il y a de meilleur au monde : la passion de l'art, la logique, la science, la philosophie et la démocratie, sans oublier un certain bonheur de vivre. Alors que le peuple était bercé par la poésie des mythes et que le théâtre agissait comme une thérapie, les philosophes, des ascètes, tentèrent de leur substituer des idées, leurs vérités. Nourri de culture grecque, Nietzsche admirait cette civilisation et a écrit : « Une table des valeurs est inscrite au-dessus de chaque peuple ; c'est la table des victoires sur soi-même.» Pour lui, la grandeur grecque consiste d'abord dans l'esprit de compétition et de défi (la vie est un combat) et ensuite dans une subtile fusion (sérénité) dans l'opposition et la complémentarité des contraires : bien et mal, ami et ennemi, beau et laid, vrai et faux, souffrance et plaisir... apollinien et dionysiaque. De plus, en prophète de l'éternel retour, il promet un retour de l'esprit grec. En effet, l'esprit de compétition et de défi qui se trouve être le moteur de notre société, comme dans l'antiquité chez les Hellènes (les jeux olympiques, les œuvres d'art en attestent) et se manifeste dans le formidable essor des techniques et des réalisations techniques d'aujourd'hui. C'est une avancée spectaculaire qu'on peut imputer à la volonté de puissance, qui est aussi volonté de vie, selon Nietzsche.

Quel est le ressort de la science ? Les progrès de la science et la connaissance ne font pas tout. Savoir orienter la recherche est plus important que tout. Or, comme l'homme va sans but, sans repère et sans point d'appui, la science risque de devenir son plus grand danger. La science moderne est-elle une réponse à son malaise, face aux problèmes existentiels ? « L'esprit scientifique n'est-il peut-être qu'une crainte et une diversion en face du pessimisme ? Un ingénieux expédient contre... la vérité ? » Quel est le but, et l'origine de toute science ? Pourquoi vouloir savoir toute la vérité plutôt que se contenter de ce qu'on sait déjà ? Telle est la question posée par Nietzsche. « Trop de savoir étouffe ! » . Et sur les pourquoi et les comment : « Ce besoin de vérité à tout prix, cette folie de jeune homme nous dégoûte. Peut-être la nature est-elle une femme qui a ses raisons de ne pas vouloir montrer ses raisons ? » écrit-il et ceci, pour paraphraser Pascal : "Le corps a ses raisons que le cœur ignore". La nature nous a pourvu d'instincts vitaux (instincts de défense, instincts sexuels), il n'est plus question de les réprimer. Apprenons plutôt à les maîtriser, individuellement. Occupons-nous des choses réelles, des choses terrestres, de notre avenir sur Terre.

- « À quoi bon toute science si elle ne doit pas mener à la culture ? », a écrit Nietzsche.

« Nous sommes d'un temps dont la civilisation est en danger de périr par les moyens de la civilisation ». (Nietzsche, Humain, trop humain § 520 )

L'homme vit dangereusement ; il a même appris à vivre sous la plus terrible menace, la menace de la guerre nucléaire, le risque de l'extermination, de la fin de toute vie sur Terre. L'homme ne contrôle plus rien ! De marées noires en catastrophes de centrales nucléaires, l'homme fonce droit dans le mur. Le manque de maîtrise, à différents niveaux, frise l'incompétence. Que dire encore sur les milliers de tonnes de déchets nucléaires quasi-éternels et de déchets chimiques ultra-nocifs produits inconsidérément en 50 ans ? (1)
Face à la production croissante de CO2, les conséquences sont prévisibles : l'effet de serre s'accentuera, la température du globe augmentera, le cycle de l'eau sera plus rapide, l'évaporation plus grande, la teneur de l'atmosphère en vapeur d'eau plus élevée. L'effet d'écran s'accentuera, tandis que les pluies s'intensifieront sur tous les continents. A l'ensemble de ces déséquilibres climatiques s'ajoutera une fréquence accrue des catastrophes naturelles : cyclones, inondations, embrasements de forêts et glissements de terrain. La hausse du niveau de la mer, entretenue par la fonte des glaces polaires, fragilisera les zones littorales, entraînera l'inondation des terres côtières et des archipels, la salinisation des deltas. Des sécheresses récurrentes réduiront l'étendue ainsi que la variété des espaces végétaux et aggraveront la pénurie en eau potable (2). Si le climat change déjà, on peut s'attendre à plus grave encore quand les courants marins profonds seront perturbés. Et sur le trou d'ozone qui s'élargit, les risques causés par l'industrie chimique, les cultures bactériennes... etc., nous sommes également prévenus. Cette fragile couche d'ozone dans la stratosphère est un rempart contre le rayonnement ultraviolet que nous ne saurons pas reconstituer !
«Nous pensons que l'alliance du capital, de l'industrie et de la science constitue une trahison à l'éthique de cette dernière, et qu'une telle conception mercantile du progrès est en grande partie responsable de certains des plus graves maux planétaires. Compromis apathiques et recommandations atones ne feront que retarder les inéluctables échéances et l'heure des décisions difficiles, alors que la planète dérive vers une catastrophe écologique globale. Car les citoyens continuent d'assister, la rage au cœur, à la disparition des forêts, à la dévastation des pâturages, à l'érosion des terres, à l'avancée des déserts, à la raréfaction de l'eau douce, à la corruption des océans, à la surpopulation urbaine, à l'extension des pandémies et à la pauvreté. De plus en plus de gens restent convaincus que la science ne peut plus rien ni pour la planète ni pour eux, et que le progrès, lorsqu'il est piloté par le seul intérêt marchand, est "la mère de toutes les crises"». (I. Ramonet)
Remettre à plus tard l'échéance fatale a toujours été la tactique.
Quel environnement léguons-nous à nos descendants ? D'un autre côté, les drames qui déciment la population, les pesticides et autres facteurs qui font baisser la stérilité masculine, et même les catastrophes naturelles ont un effet régulateur sur la surpopulation.
- Les maladies ne sont pas vaincues comme tant de gens l'espéraient (Cancer: la recherche stagne; et pourquoi ne s'attaque-t-on pas aux causes ?)
Pire ! De nouvelles apparaissent, résultant d'erreurs ou d'accidents de laboratoire (origine méconnue du SIDA.). Et ne vous donne-t-on pas de faux espoirs avec de nouvelles "Thérapies géniques" qui n'existent pas encore afin de collecter des fonds pour les recherches ?
- L'irrationnel s'étale dans la presse et s'insinue dans les esprits. Les sectes de toutes sortes pullulent, et ont leur paradis fiscal, les U.S.A..
- Ici ou là, la cruauté des militaires ou des milices armées se déchaîne. La guerre civile dure depuis 50 ans en Colombie, ce qui profite aux multinationales. La guerre sans fin contre les Palestiniens en Palestine. Alors ?
Voilà ! Le nouveau millénaire est déjà entamé. Dégoût, ah ! dégoût de la vie !

Le psychologue

(1) Raymond Lautié, docteur es-Sciences, Le danger atomique, (édité par l'auteur, 1958)
(2) S. H. Schneider, Où va le climat ? Que connaissons-nous du changement climatique ?, Éditions Silence, Loriol, 1996.
(3) Ignatio Ramonet, le Monde Diplomatique

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