L'inquisition
L'hérésie est d'abord une notion juive. Saul de Tarse persécutait déjà les disciples de la secte baptiste ou essénienne, et c'est dans les épîtres de Paul qu'on a tiré le venin de l'inquisition, car il est resté le même après sa conversion. Voltaire se pose des questions sur St Paul mais ne va pas jusque là dans son Dictionnaire philosophique. Le Tribunal
de l'Inquisition, qui fut confié à l'ordre des dominicains,
jugeait les dissidents libres penseurs ou les chercheurs soupçonnés
de sorcellerie. Mais, dans certains pays, les inquisiteurs appelaient
à la délation, et employaient toutes sortes de tortures
pour faire avouer les plus récalcitrants. On
appelait cela la question. Cela pouvait conduite au bûcher
pour y être brûlé vif, ce qui constituait un
spectacle extrêmement cruel sur la place publique, mais qui plaisait.
Il y eu dans toute l'Europe des centaines de milliers de bûchers
au cours de 14 siècles d'intolérance religieuse. Certains
monarques s'en mêlèrent pour gagner de l'autorité
et pour renflouer les caisses du Trésor royal, comme en Espagne
où on compte 32 000 hérétiques brûlés
vifs !!! Ce triste bilan est tellement effrayant qu'il est controversé
ou désavoué par l'Église de Rome. La sorcellerie
est, au départ, une survivance des religions païennes dans
lesquelles les fidèles croient pouvoir communiquer, par magie,
avec les forces de la nature. Puis, au fil du temps, à mesure que
triomphe le christianisme, le sorcier est présenté comme
entretenant un commerce avec le diable, et il est, à ce titre,
pourchassé par l'Église catholique désormais toute-puissante.
Vers 1485 paraît le Malleus
Maleficarum (le Marteau des maléfices) manuel de lutte
contre les démons, qui devient rapidement le bréviaire de
tous les inquisiteurs. Les femmes, sexe faible, sont plus souvent dénoncées
comme sorcières, que les hommes comme sorciers. Machisme ? Les
pauvres sorcières qui avaient quelque particularité anatomique
(les rousses ou un grain de beauté mal placé) étaient
persécutées car on voyait là la marque du Démon.
Depuis 1998, les archives secrètes du Vatican sont ouvertes aux historiens pour la période antérieure à 1945. L'Église Catholique Romaine s'est alors sentie obligée de faire repentance le 15 mars 2000 pour les lourdes fautes commises dans le passé. Reconnaissant officiellement et publiquement au nom de l'Église les erreurs et les crimes passés - des croisades prêchées par ses représentants de l'époque à tous les crimes de l'Inquisition, notamment les bûchers vivants allumés pour délit d'opinion -, le pape Jean-Paul II a présidé une grand-messe spéciale de repentance avec rituel spécial. Bel aveu du déclin de l'Église - cela annule toute prétention à l'infaillibilité. Doyen du Collège
des cardinaux, le cardinal Joseph Ratzinger était chef de
la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis 1981,
le gardien du dogme (ou grand inquisiteur, vu que la Congrégation
de l'Inquisition romaine et universelle, fondée en 1542, fut rebaptisée
Congrégation du Saint-Office en 1909, puis Congrégation
pour la doctrine de la foi en 1967). Son rôle est d'agir pour
réduire au silence les théologiens dissidents et écraser
les hérésies. Le pape Jean Paul II étant mort, le
18/04/2005, il a fustigé, dans son homélie lors de la messe
d'entrée au conclave, «la dictature du relativisme».
Louis
de Paramo, l'un des plus respectables écrivains et des plus
brillantes lumières du Saint-Office, rapporte, au titre second
de son second livre que Dieu fut fe premier instituteur du Saint-Office,
et qu'il exerça le pouvoir des frères prêcheurs contre
Adam. D'abord Adam est cité au tribunal : Adam, ubi es ?
et en effet, ajoute-t-il, le défaut de citation aurait rendu la
procédure de Dieu nulle. Les habits de peau que Dieu fit à
Adam et à Ève furent le modèle du san-benito
que le Saint-Office fait porter aux hérétiques. (...) -
Adam fut privé de tous les biens immeubles qu'il possédait
dans le grand paradis terrestre : c'est avec cet argument-là que
le Saint-Office confisquait les biens de tous ceux qu'il a condamnés."
Cité par Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique. L'Inquisition est un tribunal religieux d'exception chargé de poursuivre les hérétiques, qui sont ensuite remis au pouvoir civil afin de subir leur condamnation. Créée au XlIe siècle pour lutter contre les Cathares et les Vaudois, elle est progressivement étendue aux sorciers et aux devins. Elle doit son nom à la procédure inquisitoire qui donne au juge un rôle prépondérant dans la conduite de l'instance. Ainsi, les inquisiteurs recherchent eux-mêmes les suspects et peuvent convoquer les populations entières d'un village pour dénoncer les hérétiques. De nombreux moyens de contrainte sont utilisés pour obtenir des aveux, y compris la torture. Les peines les plus graves sont l'emprisonnement à perpétuité accompagné de la confiscation des biens et, souvent, le bûcher. En Allemagne, mais aussi en Espagne, l'Inquisition connaît un essor particulièrement important. Elle se signale par de terribles exactions, notamment, dans ce dernier pays, celles du sinistre inquisiteur général Torquemada (1485-1494) qui soutenait qu'en faisant souffrir ainsi les hérétiques, il se sacrifiait pour leur octroyer le salut éternel en se damnant lui-même. Ses allègations soulevèrent la désapprobation du pape Sixte IV lui-même. Le Malleus Maleficarum,
Marteau des Maléfices, dû à deux inquisiteurs
dominicains, dont Jakob Sprenger (1436-1505), comporte 3 parties incluant
la concurrence à faire aux maléfices, leurs effets, les
remèdes contre les maléfices avec les moyens et procédés
de punition de l'inquisition. Le juge frappe sa sentence avec un marteau.
Sans doute que c'est en rapport à ce marteau-là que Nietzsche
parle de philosopher à coup de marteau. . Depuis peu, le Vatican a ouvert ses archives secrètes pour la période nazie qui va des 1939 à 1945. Vu que l'attitude du pape Pie XII a été fort décriée envers le nazisme, on sait que les biens confisqués aux victimes ont bénéficié à la banque vaticane et que le Vatican a hébergé et aidé secrètement les bourreaux nazis à échapper à la justice. Certains ont pu s'enfuir ensuite en Amérique latine, qui souffre de cette domination latino-cléricale. |
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