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Les nouveaux philosophes
« Le surhumain, c'est le sens de la terre. Vous qui cherchez
la connaissance, vous devez penser avec vos propres sens jusqu'au bout.
Restez fidèles à la terre. Votre nouvelle terre ne devrait
être ni incompréhensible, ni déraisonnable.»
(Ainsi parlait Zarathoustra)
Adepte du «gai
savoir», Nietzsche a pensé et écrit par delà
le bien et le mal pour que luise une nouvelle aurore et que vienne enfin
le «grand midi» de la civilisation renaissante. On le classe
parmi les matérialistes, mais il ne fait que rétablir le
bon équilibre entre esprit et corps, car l'esprit commande au corps
autant que le corps commande l'esprit. Je dirige ma main et mes pas, certes,
mais c'est la sensation de faim qui va me conduire à faire ces
gestes, en fait (ou quelque autre besoin).
Nietzsche voulait de nouveaux
philosophes qui, libérés des préjugés, réfléchissent
sur le fondement des valeurs. Déterminer à nouveau le poids
de toutes choses, telle est notre tâche.
Assez de spéculations
sur les origines et les fins ultimes ! Nous avons bien assez à
nous préoccuper de notre existence et de notre avenir sur terre.
La vie est sur terre. Et le ciel peut bien attendre.
« Il faut un but unique à l'humanité.»
Nous nous assignons donc ce but-ci : rechercher et définir les
critères des nouvelles valeurs (quel est le fondement de notre
morale?) et donner ainsi un sens à nos actions. Ce nouveau
but ne peut être la science qui ne crée aucune valeur.
« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » disait déjà
Rabelais.
C'est
d'ailleurs, depuis toujours, le rôle de la philosophie, de porter
un jugement, d'éclairer sur le sens. Voilà ce qui doit être
discuté d'abord en psychologie, et en philosophie : la morale,
l'éthique. Le jugement de valeur, qui consiste
à soupeser le poids ou à mesurer l'importance de chaque
acte, n'est pas inné, il s'apprend, se perfectionne, avec l'expérience,
la réflexion, en l'absence de tout préjugé. Il faut
se défaire de certains préjugés trop bien établis.
Se méfier des idéologies trompeuses qui ne sont que des
illusions. L'esprit libre et avec ce que Nietzsche nomme la noblesse d'esprit,
gardons notre bon sens. Les idées-reçues sont à proscrire.
Nietzsche les appelle des fardeaux, et la première chose qu'il
fait c'est de nous donner une image de la métamorphose de l'esprit
pour devenir philosophe, dans le prologue de Zarathoustra.
«Un grand but rend supérieur
à la justice elle-même, et pas seulement à ses actions
et à ses juges.» (Nietzsche : Le Gai Savoir, livre III, §
267). Mais cela dispense-t-il quelque grand homme à se considérer
au-dessus des lois ? L'humanité a-t-elle un but
? Appel aux nouveaux philosophes
Ainsi Spinoza a écrit L'Ethique, non pas l'Ontologie,
même si cela débouche sur l'ontologie. En effet, quand on
interroge un philosophe, un psychologue, on attend de lui un jugement
raisonnable.  |