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Nouvelles valeurs
La crise du
nihilisme succède au christianisme, et il doit en sortir une humanité
supérieure : nous devons sortir de l’Antiquité qu’a prolongé le christianisme.
Le christianisme paulinien est donc, pour Nietzsche, un prolongement du
judaïsme antique, et c’est l’héritage du judaïsme pharisien et d’autres
cultes qui existaient dans l’Antiquité romaine, avec tout de même des
valeurs. Mais il y a loin entre la pratique chrétienne et les principes
énnoncés si bien que Nietzsche considère que personne n’a
vraiment mis en pratique les préceptes du Christ. Cela n’est pas
possible dans la société, mais seulement dans une abbaye, un monastère
ou un couvent. Qui veut vivre cloîtré ? Si on peut appeler
cela "vivre"...
Aujourd'hui, la tendance est
à l'individualisme. On veut vivre et jouir de la vie. Chacun se sent avant
tout un individu qui doit se faire une place au soleil, et se forger sa
propre morale; personne d'autre ne doit nous la dicter. Prendre de l'assurance
et savoir s'imposer, s'affirmer, gagner la confiance des autres, sans
perdre son amour-propre, bref, une dose d'orgueil et d'égoïsme bien compris,
c'est indispensable dans la vie pour réussir. Oui, la vie est un combat.
Il faut se surpasser,... Bien, au fait, “l'homme est fait pour être
surmonté” : n'est-ce pas ce que disait Nietzsche ?
Il semble bien qu'enfin ce sont
les nouvelles valeurs prônées par
Nietzsche qui triomphent : l'individualisme est en vogue, avec «l'esprit
de conquête», les exploits en tous genre, l'abandon des idéaux
grégaires, du "moralisme". Les psychologues cherchent
à déculpabiliser, à encourager les gens à s’affirmer, à se distinguer
et être fier de soi, à se libérer des préjugés et des tabous
sexuels ou de la peur qui paralyse. L'exploit sportif est comme un
défi à soi-même. On ne nie plus le corps, on l'exalte.
D'autre part, la crainte de Dieu ou du Jugement dernier n’est plus une
motivation mais chacun doit se forger soi-même sa morale et cultiver sa
propre vertu. Les repères sont donnés par les médias autant que par la
famille et les éducateurs. La publicité vous le dit: "Faites-vous
plaisir", "soyez égoïste" pour choisir votre
parfum... C'est tentant, mais pourquoi pas ?...
Que voulons-nous ? Quel est notre
but ? Quel sens donnons-nous à notre vie ? Les questions demeurent. Il
n’y a plus de maître-à-penser pour nous le dire... C’est à chacun d’entre
nous de faire son chemin.
Depuis un siècle, nous
avons privilégié la science, la rigueur intellectuelle,
la libération sexuelle ; les vraies valeurs sont encore à réinventer :
le «surhumain» est au bout.
«Nous, les être nouveaux, les
innommés, les gens difficiles à comprendre, nous, enfants venus avant
terme d’un avenir encore improuvé, nous avons pour des fins nouvelles
besoin d’une grande santé...» écrivait-il. Ce philosophe-prophète pensait-il
précipiter, par son attaque contre la morale, la phase de déclin pour
qu’enfin vienne une "aube nouvelle" pour l’humanité, une nouvelle
ère et le “grand midi” de la civilisation ?
"Les choses naissent de leur contraire" aimait-il à rappeler.
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