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Dieu est mort, pourquoi ? (note)
« Ce qui vit cesse de vivre quand on a achevé de le disséquer
»
« Et cette pratique juste poussée
à l'extrême a fait du christianisme une simple histoire de
la religion, de religion qu'elle était au départ... Tout
ce qui vit a besoin de s'entourer d'une atmosphère, d'une enveloppe
ou d'une auréole mystérieuse... Les grandes choses ne prospèrent
pas sans un peu d'illusion. » (Seconde Considération Intempestive)
Le besoin
de vérité a été trop fort, et la Science a
détrôné la Foi. Ainsi, la croyance au bon Dieu et
au Sauveur de l'humanité est morte et, avec elle, la morale chrétienne
: une morale humaine, trop humaine !
L'origine de cette crise de civilisation
est dans la religion chrétienne, teintée de paulinisme avec
son dogmatisme et ses fausses valeurs. «Tout jusqu'au fond était
devenu tordu et mensonger» écrit Nietzsche.
A la suite de Voltaire, Nietzsche
analyse les sources historiques et la Bible chrétienne. Il reprend
le combat contre l'Infâme.
Sur « l'ancien et le nouvel
homme », Nietzsche dénonce l'universelle duperie dans ce qu'on appelle
l'amendement moral (cf. lettres de Paul). Rien ne peut vraiment changer
un homme ; et ceux qui ont cru devenir «saints» ne sont devenus
que ce qu'ils étaient au fond. Longtemps, d'ailleurs, la folie fut considérée
d'inspiration divine. S'il est si difficile de se réformer soi-même, rien
ni personne ne le fera à votre place.
Sa «critique du saint mensonge»
se réfère sans doute à l'épître de Paul
aux Romains (ch 3, v.7), où l'apôtre autoproclamé
des chrétiens avoue en quelque sorte son mensonge. « Pour
des fins pieuses, le mensonge est permis »... mais l'histoire
a été manipulée.
L'Église est experte en
faux (La Donation de Constantin, par exemple) et s'appuie sur des légendes
(celle de Abdias, chrétien d'Asie) pour accréditer sa thèse
de la présence de Pierre à Rome contredisant le témoignage
des Actes et de l'Apocalypse (XI, 7-9) : Jacques et Simon-Pierre sont
les deux témoins qui furent emprisonnés à Jérusalem,
et moururent en 46 ou 47. (voir fraude) La lettre
de Paul aux Romains ne fait pas allusion non plus à la présence
de Pierre à Rome. De même, le Nazaréen - et non Nazarethien
- n'a pas passé son enfance à Nazareth: cette bourgade n'existait
pas en ce temps-là, c'est certain ! La configuration des lieux
ne correspond d'ailleurs pas avec certains passages des évangiles
(Luc IV, 29-30) car il n'y a ni montagne ni précipice, juste des
collines. Alors que les Nazaréens
étaient proches des baptistes et s'apparentaient aux "pauvres"
(ebionim en hébreux), ces "saints" des textes
esséniens de la mer Morte (nazir) ont
été persécutés en tant que secte dissidente,
comme les premiers disciples d'origine juive.
«Il faut se demander ici quelles hypothèses
ils mettent en avant pour l'éducation, quels dogmes il leur faut
inventer pour satisfaire à ces hypothèses ?»
«Dieu est Amour»,
c'est écrit dans le grand livre. Mais pourquoi réserve-t-il
son amour au peuple juif ? Serait-il raciste, ségrégationiste,
sectaire ? Pourquoi a-t-il exterminé 185 000 hommes, lui ou son
ange, (II Rois XIX 35) en Assyrie ? Et les Chananéens exterminés
sans pitié par ce Dieu jaloux (Deutéronome IV ) qui massacra
des premiers-nés totalement innocents (Exode XII 23) ? Et quand
son peuple lui est infidèle, il lui envoie la peste (II Samuel
XXIV 15) ! Curieuse conception de l'Amour !
«Au nom de quel Amour divin la sexualité était-elle
niée, bannie ?»
«Dieu est esprit»
; un esprit qui manque de corps, tout de même ! Faut-il se résigner
à faire la volonté de Dieu, qui, comme chacun sait, n'a
pas d'organe pour se faire entendre, et se fait représenter par
des prêtres ?
« Le prêtre veut parvenir à
se faire passer pour le type supérieur de l'humanité ; il
veut arriver à dominer ceux-là mêmes qui ont la puissance
entre les mains, [afin d'être invulnérable, inattaquable].
Moyen : lui seul possède la science
et la vertu ; lui seul est l'intermédiaire entre Dieu et le peuple.
Le règne de Dieu, c'est le règne de l'Église, donc
du clergé. Et comment ?
Moyen : la vérité existe,
et c'est l'Église des prêtres qui la détient. »
Le livre sacré est l'uvre de ceux-ci. Les solennités
marquent le rang de chacun. Tout le clergé est hiérarchisé
pour conserver cette puissance, et les habits, les solennités servent
à montrer qu'on est d'un autre rang. Ainsi, on s'assure la puissance,
l'autorité, la crédibilité absolue.
Le saint mensonge
se rapporte donc :
Au but de l'action ;
un but surnaturel, une fin morale, un bien suprême : le salut dans
l'Au-delà, quelque-chose d'invérifiable (personne n'en revient)
;
A la conséquence
de l'action : conséquence surnaturelle aussi et pour plus de certitude,
on laisse espérer des conséquences incontrôlables.
« Le saint mensonge a donc inventé un Dieu qui punit et qui
récompense selon le code des prêtres », lesquels, par
la confession, sont les juges et arbitres de la morale. Moyen d'éduquer
les consciences, et d'en abuser: les Jésuites
ne s'en privèrent pas !
Et Nietzsche de conclure : « Aucun
Dieu n'est mort pour le rachat de nos péchés ; il n'y a
pas de salut par la foi ; pas de résurrection après la mort
tout cela ce sont les fausses monnaies du christianisme véritable
et ces malheureux cerveaux brûlés sont responsables de cette
supercherie. » (Volonté de Puissance) - C'est donc
la fin du christianisme. Alors la morale s'effondre. Période troublée
où le pire est à craindre ? Mais aussi où nous pouvons
mieux vivre et construire l'avenir sur Terre... « Dieu mort, nous
voulons, nous, que le surhumain vive. Et c'est seulement depuis que Dieu
est dans la tombe que vous êtes ressuscités ! » Ainsi
parlait Nietzsche.
« Dieu est mort », formule de Heine,
dans l'Histoire de la Religion et de la Philosophie en Allemagne, citant
Hegel : «on apporte les sacrements à un Dieu mourant».

Nazir, terme hébreu qui veut dire
: « voué à Dieu », est proche de « nazi
» signifiant : « consacré au seigneur ». C'est
la vocation du prêtre de se consacrer au Seigneur. Reportons-nous
à la Bible :
Dans le Chapitre 6 du livre des Nombres, il est justement question des
Nazaréens, de la loi du Nazaréat (VI, 13) : Nazaréat,
de l'hébreu nazar, signifie : consacrer, séparer. Il s'agirait
donc d'un qualificatif donné à des prêtres. Tout le
temps de son vœux, le Nazaréen le passe à l'écart
pour se consacrer au Seigneur, lit-on au début de ce chapitre 6.

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