Volonté de vérité
Nietzsche est un philosophe
qui se veut probe, et n'hésite pas à parler de vertu, de
volonté de vérité.
« Le pire ennemi que tu puisses connaitre ce sera toujours toi-même.
» (Ainsi parlait Zarathoustra) (note)
L’idéal de vérité issu de l’évangile
a fini par se retourner contre les dogmes chrétiens élaborés d’après les
épîtres de Paul. Ce sont les fictions, les promesses et les mensonges
qui ont été mis à nu par les philosophes, et particulièrement par F. Nietzsche
qui, après Voltaire, ose une critique en règle du christianisme :
«Je suis le premier à avoir découvert la vérité,
par le fait que je suis le premier à avoir senti, - à
avoir flairé -, le mensonge comme mensonger.»
Alors tout s’écroule : le système
de valeurs et la morale s’effondrent. Nous allons à la catastrophe, car
il n’y a rien pour le remplacer. Comment cela est-il arrivé ? Ce mouvement
serait né du ressentiment des opprimés. Avec la culpabilisation de tout
le monde, voilà une religion de troupeau qui enseigne l’obéissance, la
soumission, le renoncement aux biens terrestres, la crédulité aux prétendus
miracles.
Cet idéal ascétique
est contre nature. La sexualité est répudiée, l’innocence est niée, le
doute est interdit, la science et la philosophie bannies. Cette religion
sectaire devint vite l’antithèse de ce que voulait le Christ : une institution
prête à tous les compromis, à se mettre sous la férule de César, à condamner,
à haïr, à prêcher la guerre, à accumuler des richesses, à falsifier la
vérité... jusqu’à « l’État chrétien » (où l’Église
s’immisce dans tous les événements de la vie : naissance, mariage, obsèques).
L'Église chrétienne
s'est donc éloignée du christianisme primitif ! La polémique
fait rage depuis longtemps ; c'est même l'unique objet de la controverse
sur les Manuscrits de la Mer Morte...
Que s'est-il passé réellement ? Ne parlait-il pas d'amour
avant tout ? A l'inverse, Paul dogmatise, condamne
et châtie...
Note
 Même
moustache, même regard lucide sur les hommes, même goût
pour la littérature, Octave MIRBEAU
fut un des premiers français à lire Nietzsche. On peut dire
qu'il représente l'écrivain français engagé
le plus emblématique de cette époque. C'est aussi un imprécateur
qui parle de la "névrose théologique" au sujet
de la religion. Il a écrit :
« L'amour n'est qu'une duperie, une mystification »
« J'aurais bien des luttes à soutenir contre un ennemi
qui m'a toujours renversé : moi-même. »
(Lettres d'Octave Mirbeau à Alfred Bansard des Bois)
Nietzsche dit la
même chose dans le Gai Savoir : «Tout ce qu'on appelle amour
», (§ 14). Il s'en prend aux « idoles idéologiques
», comme Nietzsche (Crépuscule des idoles) et fait
remarquer quels types d'hommes se cachent sous les masques qu'ils se donnent
par vanité. Rappelons que notre psychologue
sans pareil... ce «vieux psychologue et attrapeur de rats qui
arrive à faire parler ce qui voulait justement rester muet»
s'intéressait à l'inconscient et au refoulement bien avant
Freud. Le mot "névrose" a été employé
d'abord par Nietzsche, l'auteur des imprécations contre le christianisme...
. Le premier
homme, ouvrage posthume d'Albert Camus qui fait contre-pied au
"dernier homme" de Nietzsche.
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