Sommaire

Mythes Fondateurs du Christianisme (suite)

2 La création du mythe

Les chrétiens y sont historiquement allés d'une telle censure que leurs actes aboutirent à un quasi-analphabétisme généralisé dans le monde antique, et se sont assurés que le secret de leurs emprunts resterait caché aux yeux des masses, mais les érudits d'autres écoles et sectes n'ont jamais renoncé à leurs arguments à l'encontre de l'historicisation des antiques figures mythiques. Nous avons aujourd'hui perdu le plus grand nombre des témoignages de ces érudits dissidents, les chrétiens ayant détruit quasiment toutes traces de leurs travaux. Néanmoins, ceux-ci préservèrent quelques-unes des relations de leurs multiples conflits avec leurs détracteurs dans leurs propres tentatives de réfutation. Par exemple, l'un des premiers pères de l'Église, Tertullien (160-220 après J.-C.), ex-païen et évêque de Carthage, admettait ironiquement la vérité des origines du mythe du Christ et de tous les autres divinités humanisées par l'affirmation, dans la réfutation qu'il tentait de faire des critiques dont il était la cible: "Vous dites que nous adorons le soleil; vous faites de même." -Wheless, op. cit., p. 147. - Lui-même renonça ultérieurement au christianisme - ibid., p. 144 -.

Certains conjecturent que l'apôtre Paul est tout aussi bien une figure mythique - cf. Désillusions et mythes de la Bible, par Graham; Apollonius le Nazaréen, par Raymond Bernard -. Et, de son côté, Robert Ambelain, dans "La Vie Secrète de Saint Paul" révèle que c'est ce prince hérodien d'origine iduméenne, Saül, qui "créa" le Christ, un principe mystique inspiré d'une figure mythique. Le véritable Jésus n'aurait été qu'un Galiléen rebelle, un chef de bande en révolte contre la domination romaine et crucifié comme prétendu roi. Que ce descendant du roi David se fasse appeler "seigneur" en Israël est bien normal ! Qu'il ait eu un péager, des zélotes armés et des sicaires (l'iscariote) avec lui; que la foule des Juifs l'acclame comme "roi des Juifs" et qu'il proclame l'avènement du royaume comme imminent, tout cela est aussi dans les évangiles. Mais il dut se résoudre à un royaume spirituel et, tel Osiris, régner dans l'Au-delà. La loi romaine régnait sur Terre à ce moment-là. - R. Ambelain, "Jésus ou le mortel secret des templiers", 1979, Robert Laffont -.

Le "fils" de Dieu: "soleil" de Dieu

La raison pour laquelle tous ces mythes sont à ce point ressemblants, mettant en scène un dieu humanisé, mis à mort et ressuscité, qui fit des miracles et eut 12 disciples, pourrait être que ces récits se baseraient sur l'observation des mouvements apparents du soleil dans les cieux, conformément à un schème astro-théologique qui peut être retrouvé dans toutes les cultures, parce qu'on peut partout observer le soleil et les positions affirmées des 12 signes du zodiaque. Autrement dit, Jésus-Christ et toutes les autres figures mythiques présentant les mêmes caractéristiques ne seraient rien d'autre que des personnifications du soleil, et le schéma des Évangiles la simple répétition d'une formule mythologique se rapportant aux mouvements apparents du soleil dans les cieux - Jordan Maxwell, dans le livre "Votre Église ne veut pas que vous lisiez", Les fois païennes et chrétiennes, par Carpenter, le Diegesis par Taylor. Cf. également Massey, Churchward, Hotema, Graves, -

Par exemple, beaucoup de dieux humanisés crucifiés sont traditionnellement fêtés le 25 décembre. Ce serait en raison de ce que les anciens avaient reconnu que, dans une perspective géocentrique, le soleil paraîtrait se déplacer annuellement en direction du sud jusqu'au 21ième ou au 22ième jour de décembre, marque du solstice d'hiver, cesserait son mouvement apparent durant trois jours, et paraîtrait reprendre son déplacement en direction du nord ensuite. En relation avec ce mouvement apparent, les anciens déclaraient que le "soleil de Dieu" "était mort" durant trois jours et "re-né" à la date du 25 décembre. Les anciens se sont bien évidemment rendus compte avoir besoin du soleil et de sa lumière pour revoir chacun des jours qu'ils vivaient, et qu'ils seraient tourmentés d'inquiétude si le soleil continuait à se déplacer vers le sud, n'arrêtait pas et ne renversait pas la direction de son mouvement apparent. Ainsi, des cultures différentes auraient célébré l'anniversaire du "soleil de Dieu" le 25 décembre - Ibid-.

Ce qui suit sont les caractéristiques du "soleil de Dieu": Le soleil "meurt" durant trois jours le 22 décembre, au solstice d'hiver, quand cesse son mouvement apparent en direction du sud, paraît renaître le 25 décembre, quand il reprend son mouvement vers le nord. Dans certaines contrées, le calendrier en usage situait le commencement de la nouvelle année dans la constellation de la Vierge, et le soleil de la sorte "serait né d'une Vierge." Le soleil est la "lumière du monde." Le soleil "émerge au-dessus des nuages, et chaque œil le verra." Le soleil se levant le matin serait le "sauveur de l'humanité." Le soleil rayonnant porte une "couronne d'épines." Les "disciples" du soleil seraient les 12 mois de l'année et les 12 signes du zodiaque, par lesquels le soleil est censé passer. A l'opposé de la croyance populaire, les anciens n'étaient pas cependant à ce point ignorants et superstitieux pour avoir pensé leurs dieux de manière anthropomorphique. Les meilleurs esprits parmi eux pouvaient au moins se rendre compte que leurs dieux avaient été d'abord de nature astronomique et atmosphérique. Socrate puis Platon ont certainement connu cette figure de Zeus, père et dieu du ciel, qui des Indes et/ou d'Égypte passa en Grèce, n'ayant jamais été personnifiée, bien que les anciens Grecs montraient, dit-on, dans l'île de Crète une caverne, lieu de la naissance alléguée de Zeus, et une autre, lieu affirmé de sa mort.
Herman Usener, le philologue et historien bien connu (1834-1905), avait déjà établi que la fête de Noël n'était rien d'autre que l'antique fête romaine du Soleil Invincible. On pourra encore le suivre en tant que représentant de la remarquable Religions-geschichtliche Schule au sein de la théologie allemande qui précède la première guerre mondiale, sur l'affirmation qu'une certaine condition psychologique étant remplie, les mêmes images religieuses pourraient être probablement générées dans toutes les cultures. La thèse ici rapportée n'est pas nouvelle, bien entendu. Le Christ éternel n'est-il pas la lumière (re-)née de l'obscurité ? Sous l'influence de saint Augustin, Dieu ne fut-il pas identifié à l'Idée de Bien platonicienne, laquelle est aussi la Lumière ? Elle se trouve déjà, entre autres références, dans : BERTHELOT René, Pensée de l'Asie et l'astrobiologie (La), Payot, coll. Aux Confins de la science, 1972, 383 p.- KRAPPE Alexandre H., Genèse des mythes (La), Payot, Bibliothèque scientifique, 1938, 359 p .- cf. La foi démythologisée selon A. Malet. Et voici une page sur ce sujet: Qu'est-ce qu'un mythe ?

Conclusion

Le Christ des Évangiles n’est en aucun cas un personnage historique ou un modèle suprême de l’humanité, qui souffrit, essaya et échoua à sauver le monde par sa mort il y a 2.000 ans. C'est un mythe, établi sur le fondement d'autres mythes et légendes en rapport avec des divinités païennes humanisées, elles-mêmes étant des personnifications du mythe omniprésent du dieu-soleil. D'ailleurs, en arrivant à Corinthe, Paul avait simplement eu à remplacer un dieu-soleil, Apollon, par un dieu-lumière, Jésus-Christ. Puis ce fut Artémis qui laissa la place à la mère du nouveau dieu, devenue "reine du ciel".

Une certaine réserve à cet égard pourrait être exprimée en ces termes : si l'inconscient est la source du divin, ce dont on peut par ailleurs se convaincre, en même temps que caractérisé par sa naturalité, alors sera-t-il d'abord amené à trouver des affinités, par projection, dans les phénomènes de la nature, avec lesquels il pourra être mis en correspondance, tout autant que dans les formes de la culture, et du mythe en particulier, sans qu'on puisse en inférer une relation nécessaire des uns aux autres. "Si un triangle pouvait parler, il dirait sûrement que Dieu est éminemment triangulaire", écrivait déjà Spinoza dans une Lettre à Hugo Boxel. La réalité de la triade formée par le Soi, les archétypes divins comme fragments de divinité contenant une partie de son essence, sous les figures des fils ou des messagers de la divinité suprême, et le Moi, dont la Trinité n'est que l'une des formes particulières, est attestée dans la quasi totalité des mythes et religions recensés, au témoignage de Mircea Eliade (cf. entre autres son Traité d'histoire des religions, Payot, régulièrement réédité). Le mythe bien connu d'Osiris mis en morceaux par son adversaire Seth, ses nombreux équivalents en termes de diffraction de la divinité, ont en commun de renvoyer au processus de différenciation du Soi primaire et à celui d'individuation largement commentés par C.-G. Jung.

Jung et la Religion (26 pages format RTF)

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