|
Le scandale du siècle
Cependant certains passages,
certaines scènes contrastent avec ce doux mystique des béatitudes...
"Pensez-vous que je sois
venu apporter la paix sur la Terre ? Non, vous dis-je, mais la division."(Luc
ch.12, v.51)
Jésus profère des
malédictions contre les prêtres, les théologiens,
les scribes falsificateurs et les pharisiens hypocrites, et ses paroles
sont extrêmement dures, injuriantes même. Il se met en colère
pour chasser les marchands du temple. Il arrive toujours à s'esquiver.
Ses compagnons-disciples portent des épées et sont des zélotes,
des sicaires (Judas l'iscariote). Peu avant son arrestation, Jésus
demande à ceux qui n'en ont pas de se procurer des épées
afin de le défendre de ses ennemis (Luc XXII 36). Cet homme était-il
aussi un rebelle, un dissident pour la caste dominante ? Les Romains réprimèrent
durement les révoltes qui eurent lieu à cette époque.
Et pourquoi Jésus était-il appelé
"seigneur" dans cette tradition ? N'était-il pas de lignée
royale davidique ? L'annonciation faite à Marie par le messager
(l'ange) que Jésus "montera sur le trône de David et
qu'il régnera sur la maison de Jacob éternellement"
ne s'est pas réalisée ! Et son retour glorieux sur les nuées
non plus. On l'attends toujours...
Les enfants d'Israël n'admettaient
pas d'autre maître que Dieu. En ce cas, a-t-il d'abord proclamé
rétablir le royaume d'Israël à ceux qui le suivaient
et a-t-il renoncé ensuite en comprenant que que ce petit royaume
importait peu aux yeux de Dieu et que, tel Osiris, son royaume n'était
pas de ce monde ?
Jésus a-t-il été
condamné et exécuté parce qu'il était le roi
des Juifs, descendant du roi David (Jean ch.18, 37), un "fils de
roi terrestre" qui ne paye pas d'impôts (Matt ch.17, 26) ou
parce qu'il troublait l'ordre établi ? C'est Caïphe qui le
livra aux Romains, parce que son autorité était menacée
et qu'il craignait pour la nation juive (Jean Ch.8, v.44; ch.11, 48-51
et ch.18, v.14)( idem dans Matt. ch. 26, 3-5). Hérode, l'usurpateur
du trône, voulait lui aussi sa mort (Luc Ch.13, 31 et ch.23, 10)
et les Romains également, eux qui avaient mis Hérode sur
le trône. Et ce prophète de malheur nannonçait-il
pas la guerre, les épidémies, la famine, et une grande détresse
pour les habitants de Judée (Matt XXIV 16) ? "Cette génération
ne passera point que tout cela n'arrive."(v.34) - Le texte primitif de
l'apocalypse vient-il de lui ? Mais avant ces malheurs, devaient venir
de faux messies se réclamant de Jésus (v.5)...
Plus tard vint Saul, celui qui
en a fait "l'égal de Dieu notre Sauveur". Or, Jésus
n'était qu'un homme, une sorte de magicien. Sa renommée
ne dépassait pas les limites de la Judée. Et ses malédictions
concernaient la Judée. Son frère Jean Baptiste a été
décapité, son frère Jacques a été exécuté
et lui-même est mort sur la croix entre deux larrons. Pas de quoi
pavoiser ! Selon le Talmud, il serait le fils d'une femme adultère.
Son père était sans doute Juda le Galiléen, un résistant
mort lors de la révolte du recensement. On ne parle que de sa mère
et de ses frères et surs, dans les textes. La grotte, le
charpentier Joseph, tout cela vient de légendes anciennes (dionysos
serait né aussi dans une grotte).
Mais quoi ; Jésus serait
mort pour rien ? C'est ce que certains n'arrivaient pas à croire.
Il ne fallait pas que cela s'arrête là ! On connaît
la suite du feuilleton... Le héros ressuscite toujours.
Ce n'était pas le premier
à ressusciter ; Osiris, Horus, Dionysos, Mithra, Orphée,
aussi, mais c'est déjà oublié... Et à l'écran
aujourd'hui, Terminator ressuscite pour le Jugement Dernier.
L’origine de la religion “chrétienne”
et de l’Église romaine est assez mal définie par l’Église
catholique qui tient à la légende qui accrédite sa
filiation directe jusqu'à Pierre et en fait le “prince des apôtres”,
le fondateur de l’Église de Rome, avec Paul. Il semble plutôt
que ce soient Paul et Barnabé qui fondèrent l’Église
chrétienne des Païens.
Ce furent eux les véritables
fondateurs de la religion chrétienne et de l’Église des
Païens, ainsi que les historiens la nomment pour la distinguer de celle
des disciples - tous Juifs - l’Église de Judée. Jésus
leur avait bien précisé :"N'allez pas chez les Païens...
Ce n'est qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël que je suis
envoyé." (Matt. ch.15, v.24).
Il y avait donc deux Églises.
Les historiens l’affirment tous: celle des apôtres, lÉglise
de Judée, rassemblée à Jérusalem, disparut
au début de la guerre des Juifs, vers lan 66, guerre qui
se termina par un désastre pour les Juifs en lan 70 avec
la prise de Jérusalem par Titus. Le siège eut lieu juste
avant la pâques et les Juifs sétaient rassemblés
en grand nombre à Jérusalem. Lhistorien Flavius Josèphe,
dans la Guerre des Juifs, le raconte: 1100 000 Juifs furent exterminés
et 100 000 prisonniers furent déportés en esclavage. Jérusalem
fut détruite par les incendies et le temple aussi. Lapocalypse
annoncée s'abattit sur les Juifs et lon assista alors à
un renversement de situation: la "secte pernicieuse" des Antéchrists
prit la place du judéo-christianisme primitif disparu. Cest
alors que lÉglise des nations païennes, celle de Paul,
entama sa destinée triomphale, et sera appelée la Grande
Église ou Église des Gentils.
“On aboutit à un renversement
de la situation: le judéo-christianisme, triomphant en 49, s’effondre
et cet effacement fausse l’histoire des origines chrétiennes”,
note Jean Danielou dans la Nouvelle Histoire de l’Église,
(Éditions du Seuil, 1963) écrite 18 ans après la découverte des fameux
manuscrits de la Mer Morte.
La scandaleuse rétention des documents par des religieux a duré 50 ans
! Cette découverte majeure aurait dû entraîner une
cascade de bouleversements. Les personnes en recherche de vérité
ont réagi, la presse s'en est fait l'écho, mais si les ministres
de la religion chrétienne n'en n'ont pas parlé, c'est pour
qu'aucune modification profonde n'en découle.
Qu’y a-t-il d’historique dans
les évangiles ? Toute la Bible na-t-elle pas été
révisée, réécrite pour la faire coller aux
oracles de la bible juive, remaniée plus d'une fois ? St Jérôme
révisa entièrement le Nouveau Testament vers 385-405 pour
gommer ce qui ne convenait pas. C'est la version latine, la Vulgate
(un peu comme les vies des saints, embellies, parsemées de prodiges
et de miracles). Le but était de donner une leçon, démouvoir,
déveiller un sentiment. Il est même douteux que toute
cette histoire de Jésus ait quelque chose de vrai. (cf. Recherches).
Mais qui est “la grande
araignée du monde” ? Elle a tissé sa toile et nous
sommes ses proies. Pour Nietzsche, c'était la religion chrétienne.
Il a repris le combat de Voltaire contre l'infâme. Alors, qui est
l'être innommable ?
|