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La déviation

De son côté, Léon Tolstoï a suivi le message christique initial de fraternité, de paix et d'amour, dépouillé de tous les oripeaux de la religion ("Le royaume de Dieu est au-dedans de vous"). Pour Nietzsche, l’origine de la déviation, qui s’est opérée dès le début, serait dans le ressentiment des opprimés, des pauvres, des exclus, et ce ressentiment a suscité une interprétation, a engendré des idéaux, des valeurs. « Que le soleil ne se couche pas sur votre ressentiment », écrivait Paul aux Éphésiens (ch. IV v. 26). Un vent de révolte des esclaves et des peuples opprimés par Rome a soufflé à l'époque.

Il constate dans ses Épîtres que Paul, qui se prend pour le plus éminent des apôtres, veut tout organiser, instruire les autres, ordonner des prêtres, instituer les fondements de ce que sera cette nouvelle institution religieuse à visée universelle qui remplacera la petite secte juive. Sa doctrine de le justification par la foi aura l’adhésion du plus grand nombre puisqu’elle n’exige pas une discipline très stricte, convenant tout juste aux gens crédules et aux esprits simples et soumis. N’y a-t-il pas aussi dans ses Épîtres les prémices des châtiments de l’Inquisition et n’envoie-t-il pas ses ennemis à Satan ?
«L'un de vous vit avec la femme de son père... Qu'un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de son corps afin que son âme soit sauvée.» (I épître aux Corinthiens V, 1-5)

Le christianisme de Paul

“Le christianisme contient en son fond la rancune des malades, leur instinct dirigé contre les bien-portants, contre la santé. Tout ce qui est bien réussi, fier, pétulant, la beauté surtout, lui blesse les oreilles et les yeux. Une fois de plus je rappelle l'inappréciable parole de Paul : « Ce qui est faible aux yeux du monde, ce qui est folie aux yeux du monde, ce qui est vil et méprísé aux yeux du monde, Dieu l'a choisi » : c'était cela, la formule, «in hoc signe» a vaincu.. la décadence. Dieu mis en croix - ne comprend-on toujours pas l'effroyable arrière-pensée de ce symbole ? - Tout ce qui souffre, tout ce qui est suspendu à la croix est divin... Nous sommes tous suspendus à la croix, par conséquent nous sommes divins... Nous seuls sommes divins...
Le christianisme fut une victoire, et c'est une forme supérieure d'esprit aristocratique qui n'y survécut pas, - le christianisme a été jusqu'ici le plus grand malheur de l”humanité. - (Nietzsche, L'Antéchrist)

Tout ce que Jésus dénonçait a été rétabli par Paul et ses successeurs : le pharisianisme, le mensonge, la duplicité (d'où le vouvoiement qui n'existait pas avant). On a élaboré des dogmes sur les doctrines théologiques de Saint Paul et en récupérant les cultes et croyances païennes concurrentes pour asseoir l’autorité de l’Église, renforcer le pouvoir de ceux qui la gouvernent. Le culte marial, par exemple, est institué quatre siècles après J.- C.à la suite d'incidents à Éphèse où subsistait parmi les chrétiens le culte de la déesse-mère, Arthémis. Mais les principes de l’endoctrinement (la “foi”), les promesses improbables d’une justice après la mort (l’espérance = contenu de la boite à Pandore) et l'escroquerie à la charité, l’appel aux bons sentiments sert à financer généreusement l’institution religieuse : voilà établis les principaux reproches qu’on fait aujourd’hui à toute secte ! Alors, disons-le : cette religion est une secte qui a réussi à s’imposer chez les païens du monde romain puis dans toute l'Europe...
Toute l’histoire de la chrétienté est jalonnée de schismes, de crimes, de massacres, de croisades, de guerres de religion, de bûchers et de pactes avec les pouvoirs établis, parfois despotiques et totalitaires. Avant le IXe siècle, il n'y avait pas de pape, les différentes Églises se disputaient la primauté et les empereurs romains de Constantin à Justinien furent les Souverains Pontifes !
L'histoire de l’Église et des nombreux schismes et conciles, des papes et anti-papes, l'atteste, les querelles religieuses n'ont jamais cessé. La question d'une transmission ininterrompue de la tradition chrétienne se pose. Lors de la chute de l'empire romain, Clovis fut sacré roi par l'évêque de Reims malgré tous les crimes commis par ce chef guerrier. Le sujet étant trop vaste pour être résumé, je renvoie à Stendhal (Voyages en Italie) ou à Pastor (Histoire des Papes). N'y a-t-il pas pour le défendre, comme au temps des Jésuites, les légions de l'Opus Dei ?
Voir aussi : Les mythes fondateurs du Christianisme et toutes les Recherches sur la prétendue historicité de Jésus.Imprécations contre ce christianisme

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